Un gène rendant des bactéries résistantes à la quasi totalité des antibiotiques inquiète la communauté scientifique.
Une étude parue dans The Lancet le 10 aout dernier met en évidence l’apparition, en Inde, au Pakistan et au Royaume Uni, de bactéries résistantes à la quasi totalité des antibiotiques.
En cause: un gène codant pour une enzyme appelée New Dehli metallo-β-1 lactamase (NDM-1). Colonisant des bactéries Gram – comme E.Coli ou Klebsiella Pneumoniae, il leur procure une résistance majeure, notamment aux carbapénèmes. Ces bétalactamines au spectre large, comme l’imipénem (Tienam) sont courament prescrits en cas d’infections sévères.
Le tourisme médical comme facteur de diffusion
Les bactéries porteuses du NDM-1 ont notamment été identifiées chez des patients anglais venus se faire opérer en Inde, pays pouvu de structures de qualité à bas coûts. Le Royaume Uni, porte d’entrée principale de l’Europe pour le sous continent indien, est ainsi particulièrement concerné, avec 37 cas avérés. Sur son blog, Jean-Daniel Flaysakier, médecin et journaliste de France 2 résume ainsi la situation: « On va se faire opérer à très bas coût, on contracte une bactérie multirésistante et on rentre se faire traiter, difficilement, avec des antibiotiques très coûteux dans des services de pointe. Etonnant. »
Appel à une suveillance accrue
Karthikeyan Kumarasamy, microbiologiste de l’université de Madras (Inde) et ses coauteurs rappellent qu’une grande partie des souches isolées « provenaient d’infections extra-hospitalières », laissant supposer que NDM-1 est présent dans l’environnement et n’est pas cantonnée aux seules structures de soins. Constat alarmant, sachant que selon l’équipe à l’origine de l’étude, « une grande partie des programmes de développement de médicaments paraissent insuffisants pour fournir une couverture thérapeutique dans les dix à vingt ans »
Parmi les germes porteurs du gène, les klebsielles isolées à Haryana (nord de l’Inde, ndlr) sont suceptibles d’engendrer une flambée épidémique. Et les auteurs de conclure: « Le potentiel qu’a NDM-1 à devenir un problème mondial de santé public est important, et une surveillance international coordonnée est nécessaire ».
Source : ActuSoins
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